26/01/2012

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THE DUKE SPIRIT
Bruiser
(fiction records 2011)

Il y a souvent lieu de s’étonner de voir certains artistes cartonner et d’en voir d’autres condamnés à un relatif insuccès. THE DUKE SPIRIT font partie de ces combos que chroniques positives dans la presse et albums plus que respectables, n’ont pas autorisé la percée (cet album est leur troisième en 7 sept ans). Ils ont, pourtant, la chance d'avoir un label «compréhensif» leur autorisant à peaufiner, sur de longues années, un répertoire dont "Bruiser" semble être l’aboutissement.

Puisqu’il est, tout d’abord, d’approche on pourrait schématiser en disant que, appuyé sur la voix «rockailleuse» de Liela Moss, le groupe navigue sur des ambiances et une lisière très fortement imprégnées d’un rock gothique à la Elysyan Fields. Toute ressemblance s’arrête pourtant là dans la mesure où, alors que ces derniers évoluent dans un spectre plutôt onirique, Duke Spirit est lui, charpenté dans un univers plus organique, fait de tempos moyens certes, mais étayé par des arrangements qui assument pleinement la disruption à grands renforts de fuzz, de guitares distordues et d’effets soniques presque psychédéliques.

A cet égard les morceaux d’ouverture (Cherry Tree ; Procession) sont comme une prise en main et une introduction à ces climats mi-paresseux, mi-vénéneux qui parsèment le disque, une façon d'assumer ce qui, on l'aperçoit, se veut une exploration de la dangerosité des choses. Ce concept était une des critiques qui avait été formulée à l'encontre de THE DUKE SPIRIT. S'emparant d'une subversion dirigée contre la bienséance, il lui était reproché de presque s'arrêter à mi-chemin comme s'il se contentait de frôler le souffre sans vouloir s'y enflammer. Sur "Bruiser", à l'image d'une pochette on ne peut plus suggestive, le groupe semble avoir voulu saisir à bras-le-corps cette plongée dans les abîmes car même les titres les plus « langoureux » (Villain, Don't Wait) sont nimbés de sensualité exacerbée.

Le disque semble d'ailleurs comme s'aventurer, à chaque morceau, vers des chemins qui sont plus des traverses que des avenues illuminées. De Lux oscille entre chant grégorien (arrangements éthérés) et mélopée païenne d'où le souffle orchestral vire peu à peu vers le malaise. Il n'est alors pas surprenant que la douceur passe de l'aménité à l'amertume (Sweet Bitter Sweet) et que l'abrasion revendiquée par le terme de « bruiser » se fasse jour tragique sur une composition comme Everybody's Under Your Spell (spell = sort) qui démarre là où Gimme Shelter semblait vouloir s'arrêter.

"Bruiser" est comme un chemin, mais celui d'une croix qui serait renversée ; il détonne et étonne par ses mélodies intrépides et presque dangereuses. Elle séduisent par leur immédiateté et c'est en cela que les vertiges auxquels nous sommes conviés s'avèrent d'autant plus incitatifs.

claudecibels (indiepoprock)


DISCOGRAPHIE :

Cuts Across The Land - (2005)
Neptune - (2008)
Bruiser - (2011)


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