28/09/2011

ALBUM DU MOIS

SEPTEMBRE 11


SONS AND DAUGHTERS
'Mirror Mirror'
domino records

Formé pendant la tournée 2001 de Arab Strap sous l’impulsion d’Adele Bethel, SONS AND DAUGHTERS est repéré en 2003, puis signé en 2004 par Domino records. Le groupe écossais marque vite des points auprès d’un public ‘indé’ avec son premier ep ‘Love The Cup’ et spécialement avec le titre ‘Johnny Cash’. Le premier album ‘The Repulsion Box’ en 2005 est assez inégal mais contient assez de titres marquant dont ‘Dance Me In’ pour être remarqué par la presse. SONS AND DAUGHTERS, rapidement a la chance de réunir un cercle de fans assez fidèle. Ainsi, ils se retrouvent en 2006 invités sur la tournée de Morrissey. L’explosion publique aura lieu en 2008 avec ‘This Gift’, second véritable album, plus pop, produit par Bernard Butler (Suede), qui permet au groupe de passer à la vitesse supérieure. Un disque plus compact, plus mature, mieux produit et contenant une énergie nouvelle. Le disque fonctionne bien et la tournée qui s’en suit est un succès.

Voici venir trois ans plus tard, le troisième et sans doute plus sombre album de SONS AND DAUGHTERS qui propose là un disque conceptuel, au son ramassé et à l’atmosphère moite. ‘Silver Spell’, l’introduction à ‘Mirror Mirror’ est un véritable ovni à classer entre les B.O . de Lynch et une sorte de cold 60’s. Puis tout au long de ce nouveau recueil, court (39’), on oscille entre psyché 60’s, rock 70’s ou new-wave 80’s. Les mélodies sont hachées, le son froid et les voix, véritablement utilisées comme le ciment de structures décharnées soutenues par des guitares crues et une section rythmique tendue. ‘Mirror Mirror’, sans qu’on puisse réellement l’expliquer, semble être un tout, découpé en scénettes. Avec ce nouvel album, le quatuor est passé en à peine plus de cinq ans d’un petit groupe ‘indé’ psyché à une créature imprévisible, capable d’enfanter une musique pop expérimentale des plus intéressante. En 2008, SONS AND DAUGHTERS fait un pas vers un accès plus confortable à sa musique. En 2011, le groupe semble demander au public d’aller vers son art. Une démarche plus risquée mais ô combien plus intéressante.

OPé


http://www.sonsanddaughtersloveyou.com

ON AIME AUSSI ...


KAISER CHIEFS - The Future Is Medieval - (b-unique records)

Les KAISER CHIEFS sont des vampires pilleurs de tombes et il n’ont jamais démenti. Ce quatrième album ne déroge pas à la règle oscillant entre classic-pop anglaise, pure tradition rock ou ballades made in us. Ce qui a toujours sauvé le groupe, c’est sa foie, son énergie, sa facilité à composer des mélodies qui tuent , son savoir faire, sa légende scénique (vraie) et surtout son audace ! Ce nouvel opus est comme toujours bourré d’excellentes chansons aux plaisirs instantanés, genre qui restent en tête et qu’on chantonne dans la rue. Culture populaire anglaise dans son sens le plus noble. Toi qui a aimé les ‘Na Na Na Na Na’ du premier album, tu seras comblé par ‘The Future Is Médieval’ qui est d’excellente facture. Du plaisir, tout simplement !!



TINDERSTICKS - Claire Denis Film Score - (constellation)

En attendant le nouvel album en création entre la France et l’Angleterre, on peut grandement se laisser aller à l’écoute de ce très beau coffret rendant enfin hommage aux musiques composées par les TINDERSTICKS pour les images de Claire Denis. On connaissait forcément déjà, ‘Nénette Et Boni’ et ‘Trouble Every day’ sorties en cd en 1996 et 2001 ; on connaissait moins les quatre autres cd de ce box luxueux comprenant un superbe livret avec photos en notes. Quasiment instrumentaux les six cd ici oscillent entre mélancolie classieuse et froideur hivernale. Une pièce d’importance dans la collection de tout fan des TINDERSTICKS qui se respecte. Du bel ouvrage pour une formation majeure.



WHOMADEWHO - Knee Deep - (kompakt)

Disponible uniquement en vinyle accompagné du cd, ‘Knee Deep’ a été annoncé par les danois comme un nouvel EP, malgré les huit nouveaux titres et 4 remixes qu’il comporte. Le nouvel album doit sortir en fin d’année. Pourtant EP ou pas ; cette nouvelle collection de titres est essentielle en bien des points. Inédits quasi tous essentiels, remixes vraiment intéressants. L’intro ‘There’s An Answer’ pourrait être qualifiée de mystère atmosphérique, ‘Every Minute Alone’ (video à voir absolument) est un tube électro pop en puissance, sans parler du Mickael Mayer Mix de ‘Every Minute Alone’ plutôt jouissif. WHOMADEWHO propose là un véritable plat de résistance avant le festin à venir !



http://www.kaiserchiefs.com
http://www.tindersticks.co.uk
http://www.whomadewho.dk



26/09/2011

OLDIES

Septembre 1991


PIXIES
Trompe Le Monde
4ad records 1991


Le dernier album studio des géniaux PIXIES à 20 ans. Arrivé dans les bacs 23 septembre 1991, ce quatrième disque des américains reçoit un accueil mitigé. Et pourtant ...


Rétrospectivement, Black Francis aurait pu invoquer l'esprit de feu Claude François et baptiser son "Trompe Le Monde" en "Le Mal Aimé". Sans aller jusqu'à écrire que cet album recueillit de mauvaises critiques, il est évident que les louanges furent dispersées avec bien plus de parcimonie qu'à l'accoutumée autour du berceau de ce nouveau-né, qui allait s'avérer, à peine quelques mois plus tard, l'œuvre testamentaire des PIXIES. Après la limpidité de "Bossanova" et son dosage surnaturel de pop et de punk, c'est peut-être le choix de se frotter de nouveau à des atmosphères plus sombres et agressives qui a dérouté les gourous de l'époque ?

Encore maintenant, "Trompe Le Monde" dispose d'une côte d'amour bien en-deçà du reste de la discographie des PIXIES, un destin comparable à celui de "Dirty" ou "Goo" de Sonic Youth, par exemple. Un statut à part que l'on peine à s'expliquer : comme sur tous les autres opus Pixiesiens, on trouve ici très peu de minutes ou même de secondes dispensables (peut-être la reprise du Head On de Jesus And Mary Chain?), et une quantité inversement proportionnelle de classiques. Il faut évidemment mentionner dans cette catégorie le contemplatif Motorway To Roswell, qui tirerait des larmes au Cancer Man des X-Files, le stimulant U-Mass (le Should I Stay or Should I Go de Black Francis), le séminal Subbacultcha...

Quelques moments apportent encore un surcroît de séduction torve à un ensemble déjà diablement enthousiasmant : les premières secondes de l'album, et cette introduction de guitares incandescentes, représentent l'une des meilleures entrées en matières jamais concoctées par le groupe. Le final ravageur (et ravagé) de The Sad Punk prouve également que s'ils ont poussé les potards dans le rouge, les PIXIES savent encore trousser comme personne leur fameuse "spéciale" (trois chansons pour le prix d'une et en trois minutes chrono). Enfin si l'on ne devait retenir qu'un seul titre de cette ultime révérence, ce serait probablement Alec Eiffel, que l'on s'autorise à considérer comme l'un des sommets indépassables de l'œuvre des PIXIES, et l'une des démonstrations les plus éclatantes de leur génie atypique. Après une première partie parfaitement équilibrée entre énergie et mélodie, structurée autour d'un duo de guitares aussi simple que merveilleux, un ultime refrain, repris ad lib au cours d'un final qui pourrait durer sept heures sans qu'on s'en lasse, propose une suite d'accords déstabilisante de prime abord, et rapidement enchanteresse.

"Trompe Le Monde" tient parfaitement sa place dans la discographie brève et définitive de ses auteurs. C'est un quatrième classique à porter à l'actif de lutins décidément géniaux. La suite serait plus déroutante : une séparation quasi-unilatérale prononcée par un Black Francis prêt à un radical changement de pseudonyme, et pour Kim Deal un retour aux affaires au sein d'un groupe qu'elle avait déjà inauguré en compagnie de Tanya Donelly. Un hobby appelé The Breeders...


Tristan (indierock)