MARK LANEGAN BAND
Blues Funeral
(4AD records 2012)
MARK LANEGAN, dans la mémoire collective, c’est ce mec
sombre à la voix rauque qui a bossé avec Queen Of The Stone Age et flirté sur
des bluettes ‘countrysantes’ avec Isobel
Campell, la mignone. Au mieux on sait
qu’il à d’autres albums solo au compteur et que sur le dernier ‘Bubblegum’ qui
date d’il y sept ans (quand même ) se postait en choriste de choix et de luxe la talentueuse PJ Harvey. On sait moins
que ce grand type de presque cinquante
ans à débuté sa carrière avec le groupe
éphémère The Jury aux côtés de Kurt Cobain. Il a été la frontman de The
Screeming Trees jusqu’en 1997. Enfin,
MARK LANEGAN c’est aussi l’image d’un survivant qui se pointe sur scène en 2004
quelques semaines après un crash sévère en moto, les bras et les mains salement amochés tenant
en équilibre sur une jambe tant la douleur est encore vive. Ca marque !!
‘Funarel Blues' est son huitième album solo et sans doute
le plus abouti et impressionnant de tous. Le plus affirmé et le plus ouvert
également. On est là penaud face à l’évidence, devant l’immédiateté du
propos. Sentiment qui s’étiole sur la totalité d’un album sombre et
combatif. De l’ouverture âpre de ‘The
gravedigger’s Song’ on passe sans intermède à la sécheresse de ‘Bleeding
Muddy water’. La clarté de certaines compositions ‘Gray Goes Black’ donnent au timbre de LANEGAN tout l’espace nécessaire
à l’épanouissement de cette voix qui fait vite d’habiter l’auditeur . A
l’à propos, succède la beauté qui succède à la surprise. La glaçante ‘St Louis
Elegy’ glisse et mute soudainement en
gospel illuminé. Lorsque la cassure survient, personne ne s’y attend. Une
rythmique dansante sur des nappes planantes et là où l’allégresse d’un sans
faute pourrait se faner, ‘Ode To Sad Disco’ renvoi au meilleurs des Pet Shop
Boys chanté par le plus ‘dark’ des interprètes. Jouissif !
Le souffle et les jambes coupés pas les évènements on
tombe de haut lorsque retenti ‘You’re
Free again… One More Time’, le refrain
du mélancolique blues et bien nommé ‘Phantasmagoria Blues’. On est à l’entrée
de la seconde partie de ‘Blues Funeral’, des étoiles plein les yeux et le cœur
gros. ‘Quiver Syndrome’ sauve de l’abîme et son refrain pop
salvateur donne de baume au coeur et de la raideur au corps, prolongé en vol
plané par la spaciale ‘Horborview Hospital’. L’émotion passée, MARK LANEGAN retourne à l’épure avec deux ballades ‘leviathan’ et la cisélée ‘Deep
Black Vanishing Train’. Les sept minutes de l’épilogue ‘Tiny Grain Of Truth’
sonne comme un au revoir, aspiré vers un
future encore non dessiné, vierge et fertile,
comme tenu par la main, encouragé, épaulé, soutenu … à passer … à sauter
le pas. Mark Lanegan signe un disque majestueux et intelligent
aussi inspiré que censé. D’une beauté vraie et sans détour, ce genre de moment
rare qu’on désire et cultive en nous
tant que possible.