08/02/2011

ALBUM DU MOIS / Janvier 2011


WIRE - Red Barked Tree
Pink Flag 2011


WIRE est un groupe éminemment historique. Fondamental et primordial. Né en 1976, Wire accouche d’un séminal et explosif album archiculte 'Pink Flag' en 77, année plus punk tu meurs. Le son se densifie, se complexifie avec les disques suivants (Chairs Missing, 154). Un son naît, une basse sensuelle et lourde intensifie un combo maître d’un genre nouveau, le post-punk. A l’instar de Gang Of Four, Wire est un réservoir d’influence infini et merveilleux pour un sacré paquet de groupes de années 90 et 2000.

'Red Barked Tree' constitue le onzième album du groupe réduit aujourd’hui à son noyau originel, le chanteur et guitariste Colin Newman, le bassiste et parolier Graham Lewis, avec pour compléter, Robert Gotobed-Grey à la batterie. Comme on a pu le comprendre en lisant les trois premières phrases de ce texte, il ne faut pas manquer ce disque. Chacun de ses recoins est un nectar sonore. C’est un album-monstre, protéiforme, chaque position, partition, composition, lui sied.

La nonchalance de la voix féérique de Colin Newman sur le premier et génialissime morceau du disque, Please take, est une promesse folle de bonheur pour les dix titres à suivre. Et la promesse est tenue, haut la main. Cet album ne souffre d’aucun défaut, quasiment. De bout en bout, la qualité des mélodies, du chant, de la production, du jeu des instruments, frise la perfection. Le grain des guitares et de la basse est un enchantement d’esthète. La batterie ne manque pas de balancer la sauce sur l’inoubliable épopée de deux minutes de Two Minutes (sic), le chant-réponse est extatique, le riff tue. La production de l’ensemble est aussi léchée qu’une photographie en noir et blanc sur papier glacé.

Outre la basse extraordinaire de Graham Lewis, la voix de Newman fait vraiment des merveilles, pleine de maitrise et de poésie, à l’instar de la batterie de Gotobed. Voilà, on a fait le tour du band. Il le mérite. Il faut louer chaque titre à sa mesure. Now Was, faussement urgent, laisse le temps d’exprimer la puissance des paroles. Adapt magnifie la ballade punk et fait danser les morts au clair de lune. Tout cela est d’une justesse et d’une profondeur bluffante.

L’ambiance est festive et crépusculaire sur Bad Worn Thing, marquée par une pop mélancolique, à l’instar de Clay, un brin plus sombre. Plus rêche, Moreover fait office de rappel aux sources, one two three four, peut-on entendre en écho lointain avant de redémarrer, plus abrasif encore, jusqu’au jouissif final déglingué. A peine remis, l’auditeur prend en pleine face A Flat Tent et Smash qui réécrivent les tables de la loi du genre, celui qu’on veut. Déluge sonore, lourd et plein de spleen, Down To This laisse pourtant voir dans ce ciel noir et cette touffeur toxique, une lueur étroite qui préside au dernier titre, homonyme de celui de l’album, conclusion portée par une note d’espérance mélodique, sorte de revers clair-obscur du titre How Soon is Now ? des Smiths.

Après un très bon 'Object 47', Wire ne démord pas de son statut de groupe majeur, vraiment majeur. Un groupe capable d’une telle cohérence artistique et de produire des morceaux pareils, subtiles et accessibles, vaut tout un respect qu’on aurait peine à donner à quelques tripotées d’artistes en goguette.


http://www.pinkflag.com


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